Viatcheslav Répine

 

auteur de romans, de récits, de nouvelles et d’essais
vie en France, à Paris, depuis 25 ans, écrit en français et en russe

site de l’auteur

Son destin est marqué par les derniers soubresauts de la guerre froide. Encore étudiant, poursuivi en Union Soviétique pour ses opinions et parce qu’il sortait de la famille d’un officier de l’armée soviétique, il a été, en 1985, prié de quitter le pays en 48 heures suite aux pourparlers diplomatiques et au contrat sur le gaz, passé alors entre la France et l’Union soviétique, et aux vigoureuses campagnes de presse menées en sa faveur par les médias francophones. Dès lors, émigre de facto en France.

Il ne se fait pas tout de suite remarquer comme écrivain, exil oblige. Un de ses récits, « La dernière chasse de Piotr Andreïévitch », sera d’abord publié en Russie dans les années 90, dans plusieurs revues littéraires spécialisées, et relativement apprécié des critiques, le sujet étant « délicat ».

plume

Viatcheslav Répine se démarque des auteurs russes et français de sa génération, non seulement par son inscription dans la tradition de la grande littérature russe universelle et son ambition de réinventer une modernité qui ait un sens, mais aussi par son choix de la France comme deuxième patrie et culture, ce qui lui confère d’entrée une place à part. Son choix d’écriture (il écrit dans les deux langues) et de pensée (sa position philosophique de « pont entre les mondes Est et Ouest ») en fait un auteur hors norme. Ses œuvres pointent du doigt, avec finesse et sans concession, les égarements de notre époque, et nous interrogent ainsi sur le sens de la tourmente que traverse aujourd’hui l’artiste responsable.
Son premier roman, La Maladie des étoiles ou Les années mûres d’un misanthrope (1998), écrit en France et publié bientôt en Russie par une grande maison d’édition, a surpris la critique russe par sa démesure (130 chapitres, plus de 1 000 pages), par sa distance inhabituelle des réalités internes de la culture russe, et aussi par sa rupture totale avec les postmodernistes alors très en vogue dans le pays.

Parmi ses nombreux récits et nouvelles, on retiendra surtout Jean et Jacques, Le Centre du monde, ainsi que des contes existentiels pour enfants et adultes, en partie parus en français.
Le roman
Antigonia, écrit en français, est paru en France, puis ultérieurement en Russie, dans une version différente, écrite par l’auteur dans sa langue maternelle.
Ses deux premiers romans ont été nominés pour les prix littéraires russes les plus importants.
La traduction en français de son dernier roman grand format, Les Caméléons, écrit en russe et auquel il a consacré près de cinq ans, est en cours.
Les œuvres de Viatcheslav Répine proposent au lecteur un regard libre et franc sur une littérature qui tente de répondre aux grandes questions de notre temps, une littérature de moins en mois donnée au lectorat de masse (sous prétexte qu’il ne la demande pas), aussi bien en Russie que dans le reste du monde, et qui exige par conséquent de vrais engagements.
Viatcheslav Répine a été l’un des premiers à apporter à la littérature russe des dernières années l’esprit encore peu connu par celle-ci de la culture littéraire définie par certains comme « postindustrielle ». Il écrit une prose contemporaine, caractérisée par un regard critique, ouvert sur le monde extérieur, mais paradoxalement intérieur au contexte. Cette position n’a pas de précédent dans la littérature russe d’aujourd’hui et c’est pourquoi l’auteur est « répertorié » comme outsider par l’establishment littéraire, et pas seulement en Russie.

œvres parues

Antigonia
roman, 2008

Les Caméléons
roman, 2010

La dernière chasse de Piotr Andreïevitch
récit, 2010

Le Mal des Étoiles, ou Les Années mûres d’un misanthrope
roman, 1998, en russe, traduction en cours

Jean & Jacques
récit, 1996

quelques mots de l’auteur

« Cela fait 25 ans que j’ai établi ma vie en France. Après avoir vécu entre les deux mondes, après avoir connu la Guerre froide, puis les hauts et les bas de la vie d’aujourd’hui, j’ai fondé à Paris une maison d’édition littéraire, non seulement pour défendre une certaine Littérature, mais aussi pour partager mon expérience…< Je pense avoir le devoir de contribuer à faire comprendre le pays où je suis né, dont je comprends finalement, avec la distance que me donne ma seconde vie en France, bien des choses que ne voient pas les autres, qui sont trop près de cette réalité. Ou trop loin. Le lecteur français verra que finalement, même si les problèmes de la vie russe ont l’air plus « rudes », ce n’est que parce que les circonstances et le pays sont différents (et vice-versa pour le lecteur russe), mais pas le cœur de l’homme, qui n’en a qu’un, et qui le fait vivre et mourir.
L’écart qui existe entre les uns et les autres équivaut pour moi souvent à une question d’un autre ordre, mais qui remet tout à son juste niveau de gravité : n’est-il pas le fruit de l’imagination, celle de l’homme ? Ce sont assurément les hommes qui rendent ce monde incompréhensible et souvent invivable…
La littérature ne sera jamais un remède. Mais elle donne parfois à la vie plus de sens qu’elle n’en a l’air…»

Antigonia, quelques mots de l’auteur

à propos de son ouvrage, octobre 2009

« Peut-on écrire sur la littérature elle-même ?… C’est la question que mes personnages se posent dès les premières pages, et sûrement à juste titre. Je ne connais pas la réponse…
La plupart des gens pensent qu’écrire veut dire mener une existence à part, en profitant de libertés, d’une inspiration non-stop. Quel privilège ! Mais en réalité, c’est un travail acharné, jamais récompensé à sa juste valeur. Parce qu’il s’agit de réparer ce qui est réparable, de faire face à soi-même, d’affronter sa propre imperfection, sans parler de celle du monde, univers clos, comme on sait, qui n’aime pas trop qu’on le décortique, parce que dès qu’il est intercepté par la parole, il est presque obligé d’évoluer dans le sens du texte…

J’affirme, et je signe, que parmi les écrivains véritables, rares sont ceux qui ont du plaisir à écrire. Et ce qui est pire encore, c’est que plus le texte est bon, plus on perd de plumes à l’écrire, et par la suite aussi, car la vraie littérature n’en intéresse, au fond, que quelques-uns. Si elle a rendu certains « riches et célèbres », jamais elle n’a rendu quiconque, qui écrit, heureux. C’est un fait.
Alors pourquoi continue-t-on d’écrire ? Pourquoi l’image écrite continue-t-elle de survivre, d’occuper l’esprit des gens, de le nourrir?…
Je crois que nous possédons tous cette faculté bizarre en soit de voir au travers des choses, le sens absolu d’une autre réalité, parallèle. Et certains ne peuvent se contenter de la porter en eux, ils sont forcés de la révéler. C’est pour ça qu’on écrit. C’est comme une vie de plus…
Le texte d’« Antigonia » parle aussi de ce phénomène. Je l’ai écrit longuement, avec beaucoup de contraintes, et aussi de gaucheries… Je n’ai pas fait mieux que mes personnages qui me ressemblent si peu, et sont mes alter egos en même temps. Oscillant entre des mondes, au fond si improbables… »


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