préface de Boris Bobrinskoy

C’est avec joie et émotion que je salue la publication en langue française de l’ouvrage de Lioubov Miller sur la vie de la grande-duchesse Élisabeth de Russie, cProtopresbytre Boris Bobrinskoyanonisée par l’Église russe en tant que martyre moniale Élisabeth.

Cet ouvrage décrit avec beaucoup de soin la vie mouvementée d’une princesse à la fois allemande, fille du grand-duc Ludwig IV de Hesse-Darmstadt, et anglaise, petite fille de la reine d’Angleterre Victoria par sa mère. Ayant épousé le grand-duc Serge de Russie, oncle de Nicolas II, elle s’allie à la famille impériale russe dont l’épouse du tsar Alexandra était sa propre sœur.

Lioubov Miller a pu puiser dans les archives de la cour royale de Windsor et dans celles du grand-duché de Hesse à Darmstadt un grand nombre de lettres de la grande-duchesse Élisabeth devenue moniale Élisabeth. Elle en tire un portrait saisissant de vérité et nous offre ainsi de nombreux détails des différentes étapes de la vie privée et de l’action de bienfaisance de la grande-duchesse, moniale martyre.

Son mariage avec le grand-duc Serge en 1884 à l’âge de 20 ans l’unit profondément au peuple russe et lui fait découvrir les trésors de sa tradition religieuse, ce qui l’amena à embrasser la foi orthodoxe en 1891. Son éducation familiale l’avait déjà préparée à un engagement religieux personnel, ainsi qu’à une grande sensibilité aux souffrances et aux besoins des pauvres et des malades.

L’auteur décrit en détail les temps troublés de la première révolution de 1905 où s’ébranlent et vacillent les structures sociales et l’ordre moral du pays, culminant dans la révolution de 1917 et l’avènement du pouvoir bolchévique. L’assassinat de son mari par des terroristes bolchéviques en 1905 bouleversa profondément sa vie. Elle rendit visite en prison à l’assassin et lui accorda son pardon. Elle fonda une communauté de moniales de vocation hospitalière et diaconale, communauté de Marthe et Marie, partagée entre la prière et le service des malades et des nécessiteux. Pour cela, devenue moniale elle parcourait Moscou, allant dans les taudis et quartiers les plus misérables sans autre escorte que les sœurs de sa communauté.

Lors de la révolution d’octobre 1917 elle refusa de quitter la Russie, comme on le lui proposait et elle continua son œuvre au service des pauvres jusqu’au moment où sa communauté fut dispersée, ses biens confisqués et où elle-même fut arrêtée avec l’une de ses sœurs, la moniale Varvara ainsi qu’avec d’autres membres de la famille impériale. Le 18 juillet 1918 ils furent jetés dans un puits de mine où ils moururent tous en une lente et douloureuse agonie en chantant l’hymne des chérubins.
Parmi une foule innombrable de martyrs et de confesseurs de la foi, la moniale Élisabeth versa son sang en priant pour le pardon de ses bourreaux. Son martyre fut consacré par l’Église russe qui l’a inscrite au nombre de ses saints en 1981. Depuis sa jeunesse et jusqu’à son dernier soupir, la vie entière de sainte Élisabeth fut une offrande entière et constante au Seigneur dans l’amour et le service du prochain, vie dont le martyre fut le couronnement ultime et son entrée dans la communion des saints autour du Trône céleste de l’Agneau.

« Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d’où viennent-ils ? Ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve : ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le Trône de Dieu, Le servant jour et nuit dans Son Temple […] Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (Apocalypse, VII, 13-17).

Protopresbytre Boris Bobrinskoy

Doyen Honoraire de l’Institut de Théologie Orthodoxe Saint Serge à Paris,
mars 2009

 

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